Том 4. Письма 1820-1849 - Страница 118


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Нужна была эта с каждым днем все более явная враждебность, чтобы принудить нас углубиться в самих себя, чтобы заставить нас осознать себя. А для общества, так же как и для отдельной личности — первое условие всякого прогресса есть самопознание. Есть, я знаю, между нами люди, которые говорят, что в нас нет ничего, что стоило бы познавать. Но в таком случае единственное, что следовало бы предпринять, это перестать существовать, а между тем, я думаю, никто не придерживается такого мнения.

Прощайте, князь. Еще раз благодарю вас. Рассчитываете ли вы отправиться сегодня вечером к госпоже Смирновой?

С глубочайшим почтением. Ф. Тютчев

Тютчевым Д. Ф. и Е. Ф., осень 1849

148. Д. Ф. и Е. Ф. ТЮТЧЕВЫМ Осень 1849 г. Петербург

Mes chères filles. J’ai vu hier la tante Mouravieff à son retour de Smolna, et il a été convenu entre nous que c’est elle qui passerait chez Madame Léontieff dans le courant de la semaine prochaine pour lui demander de vous laisser aller chez elle. Je suis bien contrarié, mes chères enfants, de me trouver ainsi toujours dans le cas de vous contrarier…et je compte bien venir demain vous en demander humblement pardon. En attendant je vous embrasse de tout mon cœur.

T. Tutchef

Перевод

Милые мои дочери, я виделся вчера с тетушкой Муравьевой по ее возвращении из Смольного, и мы порешили между собой, что она поедет к госпоже Леонтьевой на будущей неделе и попросит ее отпустить вас к себе. Я весьма огорчен, мои милые дети, тем, что мне приходится постоянно причинять вам огорчение…и рассчитываю завтра смиренно испросить у вас прощения за это. Пока же обнимаю вас от всего сердца.

Ф. Тютчев

Тенгоборскому Л. В., 3 декабря 1849

149. Л. В. ТЕНГОБОРСКОМУ 3 декабря 1849 г. Петербург

Monsieur,

J’ai lu votre mémoire avec une bien grande satisfaction, j’oserai dire, avec une satisfaction d’amour-propre. Car j’y ai trouvé la confirmation éclatante de tout ce que j’ai pensé, c’est-à-dire pressenti et conjecturé au sujet de l’Autriche, car pour voir il faut être sur les lieux. En l’absence des objets on ne peut que les pressentir. Votre mémoire contient des paroles d’or, même à notre adresse.

Mais savez-vous l’impression définitive qui m’en est restée relativement à l’Autriche? C’est que ce pays est décidément et sans retour voué à la révolution, et cela par une très simple raison: c’est que l’Autriche, dans l’intérêt de sa conservation, même momentanée, est obligée de se faire plus allemande que jamais. Or, n’en déplaise à ceux que ce fait contrarie beaucoup, la civilisation allemande, la pensée, l’intelligence allemande — die deutsche Bildung, telle que la voilà faite et constatée, est révolutionnaire d’outre en outre — il n’y a plus une fibre en elle qui n’appartienne à la révolution. Ceux qui nieraient cela, ou ne veulent pas voir, ou sont incapables de voir le principe sous les apparences. Et voilà pourquoi la constitution du 4 Mai n’est pas un accident, mais une nécessité que les gouvernants en Autriche ne secoueront jamais. C’est le lien par lequel ils se rattachent non pas à l’Allemagne, mais à la pensée, à la civilisation allemande. Et maintenant quoi qu’ils fassent, qu’ils essaient de pratiquer consciencieusement des institutions impraticables, ou bien qu’ils fassent de l’arbitraire, de la bureaucratie et de la dictature, tout ce qu’ils feront sera nécessairement révolutionnaire.

Mais si la révolution est un dissolvant tout-puissant, même appliqué à un état fortement et solidement homogène, comme l’est la France, par exemple, que sera-ce donc pour un empire comme l’Autriche? Ce sera évidemment de l’étisie galopante. Personne ne l’a mieux fait voir que vous dans votre mémoire.

Mais quelque courte qu’aura été cette durée, elle aura toujours été assez longue, pour faire un mal immense: celui d’avoir inoculé la révolution aux races slaves, même à celles d’entr’elles qui jusqu’à présent en étaient parfaitement vierges. C’est là, je le répète, un mal immense et de plus un immense danger personnel pour la Russie. — L’Autriche, telle que la voilà devenue, ne peut pas ne pas communiquer la révolution aux races slaves qui lui sont soumises — aussi bien par l’action que par la réaction, aussi bien par l’influence directe des institutions nouvelles que par la nécessité où vont se trouver les populations slaves d’exagérer la portée révolutionnaire de ces institutions, pour s’en faire des armes défensives contre la propagande allemande. Car, que la Gleichberechtigung ne sera jamais que le sobriquet de cette propagande, le fait me paraît difficile à contester.

Or, un pareil résultat, l’inoculation du principe révolutionnaire aux races slaves, aurait dans l’état actuel du monde des conséquences incalculables. Car dans cette lutte suprême entre la Russie et la révolution, toutes deux puissances et principes en même temps, il n’y avait jusqu’à présent de véritablement neutres que ces races… et il est évident que celle des deux puissances qui la première saura se les approprier, les rallier à son drapeau, cette puissance-là, dis-je, aura les meilleures chances de faire décider en sa faveur le grand procès qui se plaide devant nous…

Et que serait-ce donc, si, par impossible, nous-mêmes, nous étions devenus assez étrangers au principe historique de la Russie, si nous-mêmes, nous étions assez traîtres envers notre propre cause, pour ne plus comprendre, pour ne plus sentir l’intime, l’inexorable solidarité qui lie les destinées de ces races à celles de la Russie, — si nous étions arrivés à ne plus comprendre les droits imprescriptibles qu’elles ont sur nous et nous sur elles, et assez faibles, pour ne pas les faire valoir hautement et résolument, quand le moment en serait venu? — Savez-vous, Monsieur, ce qui en résulterait?.. C’est que nous aurions non pas conservé ces races à une Autriche plus que problématique, mais que nous les aurions de nos propres mains livrées à la révolution. Dès ce moment notre suicide aurait commencé, et le triomphe de l’ennemi, son triomphe définitif et irrévocable, ne serait plus qu’une question de temps.

Mais je ne puis finir cette lettre sans vous remercier encore une fois de tout le plaisir que m’a fait la lecture de votre mémoire. Puisse-t-il être médité et apprécié comme il le mérite.

3 décembre 1849

Перевод

Милостивый государь,

Я прочел вашу записку с чувством огромного удовлетворения, дерзну сказать, с чувством самоудовлетворения. Ибо нашел в ней блестящее подтверждение всем своим мыслям об Австрии, т. е. всем своим предположениям и догадкам, так как для того, чтобы о чем-то судить, нужно видеть это воочию. В отсутствии же предмета его можно только представлять. В вашей записке содержатся золотые слова, даже о нас.

Но знаете ли, в каком впечатлении она утвердила меня касательно Австрии? Что эта страна решительно и неотвратимо движется к революции, и по очень простой причине: Австрия, в целях самосохранения, пусть сиюминутного, вынуждена более, чем когда-либо, онемечиваться. А ведь, да простят меня те, кого это обстоятельство сильно раздражает, немецкая цивилизация, немецкая мысль, немецкое сознание — die deutsche Bildung, в его сложившейся и закрепившейся форме, насквозь революционно — всеми своими фибрами оно сейчас принадлежит революции. Те, что стали бы это отрицать, либо не хотят, либо не способны разглядеть сути за видимостью. Поэтому-то конституция 4 мая является не случайностью, а неизбежностью, от которой правителям Австрии ни за что не удастся отмахнуться. Эта нить связывает их не с Германией, а с немецким образом мысли, с немецкой цивилизацией. И теперь, что́ они ни предпримут, — попытаются ли добросовестно осуществлять неосуществимые установления, вернутся ли к произволу, бюрократии и диктатуре, — все неизбежно будет революционным.

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