Том 4. Письма 1820-1849 - Страница 75


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В Вене идут большие приготовления к торжествам в честь приезда государя; его ожидают в мае, после чего он поедет на воды в Теплиц. Здесь ходят слухи о свадьбе великой княжны Ольги Николаевны с эрцгерцогом Стефаном, недавно назначенным правителем Богемии, и миссия графа Орлова в Вене только подкрепляет эти слухи. Было бы желательно, чтобы это произошло. Такой брачный союз обещает большую будущность.

Зима у нас прошла довольно спокойно, если не считать болезни, особенно скарлатину, унесшую много детей. Я знаю семьи, где она унесла до трех детей за две недели.

Наши, слава Богу, избежали этой участи — и малышки в институте, и двое младших дома. У меня в руках письмо Анны к вам, которое я должен был отправить более двух месяцев назад. Но я взял на себя смелость не посылать его вовсе, ибо, по правде говоря, оно не стоит почтовых расходов, которые на него уйдут. Она славная девочка, как и ее сестры, и я очень доволен ими. Но их будущее порой заставляет меня серьезно задумываться.

Здоровье моей жены этой зимой было довольно сносно, если бы не ее ревматизмы. Доктора более чем когда-либо настаивают на том, чтобы этим летом она брала морские ванны. Я тоже со своей стороны призываю ее к этому, чтобы она раз и навсегда избавилась от своих ревматизмов, потому что мы как никогда решительно настроены этой осенью ехать к вам. Наше самое большое желание — провести зиму с вами в Москве. Что касается до Мюнхена, он обоим нам надоел, и моей жене, наверное, еще больше, чем мне.

Здесь в дипломатическом корпусе произошли некоторые перемены. Новые австрийский, английский и вюртембергский посланники. Молодой князь Оболенский, племянник князя Вяземского причислен к миссии. Это славный молодой человек, горячо рекомендованный мне также Мейендорфом в Берлине.

В эту самую минуту я известился, что бедная тетушка Ганштейн внезапно слегла и ей очень худо. Бегу узнать, что с ней.

Тургеневу А. И., 6/18 мая 1844

96. А. И. ТУРГЕНЕВУ 6/18 мая 1844 г. Париж

Ce samedi. 18 mai <18>44

A mon arrivée à Paris, j’ai commencé par demander après vous, cher Александр Иванович, et j’ai appris, non sans désappointement, que vous étiez à la campagne depuis une quinzaine de jours. Si vous ne voulez pas rendre ce désappointement définitif, soyez assez bon, la première fois que vous rentrerez en ville, de me faire savoir l’heure où je pourrai vous voir. Nous demeurons dans votre voisinage le plus proche. Rue St-Honoré, № 383.

Ma femme me charge de la rappeler à votre bon souvenir et aime à espérer que vous lui procurerez aussi le plaisir de vous voir.

Простите — не забудьте моей просьбы. Вам душевно преданный

Ф. Тютчев

Перевод

Суббота. 18 мая <18>44

По приезде моем в Париж я тотчас стал справляться о вас, любезный Александр Иванович, и узнал не без разочарования о том, что вы уже недели две как в деревне. Ежели вы не хотите сделать это разочарование окончательным, будьте столь добры, в первый же раз, как вернетесь в город, дайте мне знать, в котором часу я могу повидать вас. Мы живем по соседству с вами. Улица Сент-Оноре, № 383.

Жена моя поручает мне передать вам привет и льстит себя надеждой, что вы также доставите ей удовольствие видеть вас.

Простите — не забудьте моей просьбы. Вам душевно преданный

Ф. Тютчев

Тютчевой А. Ф., июль 1844

97. А. Ф. ТЮТЧЕВОЙ Июль 1844 г. Париж

Paris. Ce juillet 1844

Ma bonne et chère Anna. J’ai reçu il y a quelques jours ta lettre qui, je le t’avoue, m’a fait jusque autant de peine que de plaisir. Tu voilà donc bien malheureuse, bien désespérée d’être dans ce même Institut où tu désirais entrer avec tant d’ardeur, où tu es entrée avec tant de jubilations. Souviens-toi, je t’en prie, des instances, des supplications, des persécutions que tu m’as fait subir pour me décider à te retirer de Weimar et à te réunir à tes sœurs. Et maintenant tu serais toute disposée à recommencer toute cette même agitation en sens inverse. Ne prends pas ce que je te dis ici pour un reproche, ma bonne amie, il n’est pas dans ma nature d’être un juge sévère des inconséquences d’autrui. Le souvenir de mes propres inconséquences suffirait pour me rendre indulgent, et d’ailleurs tu sais, si je suis naturellement disposé à l’indulgence envers toi. Si donc je te rappelle tes contradictions, c’est pour venir en aide à ta raison et la mettre à même d’apprécier plus sainement ta situation actuelle, tu dois comprendre, ma bonne Anna, en faisant un retour sur le passé, qu’il peut y avoir tout autant d’exagération dans le désir que tu as maintenant de quitter l’Institut qu’il y en avait il y a quelques mois dans ton impatience à y entrer. Au reste, tranquillise-toi. Je ne prétends assurément pas prolonger indéfinitivement ton séjour à l’Institut, l’âge où tu es, devrait déjà te rassurer à cet égard — dans quelques semaines nous serons de retour à Munich et je verrai alors ce qu’il y aura à faire.

Nous sommes plus que jamais dans l’intention d’aller cette année en Russie, et je n’hésiterais pas à t’amener avec nous, si je pensais que nous y allions pour y rester. Mais comme il est plus que probable que tel n’est pas le cas et que nous reviendrons en Allemagne au printemps prochain, tu comprends, ma bonne amie, que je ne pourrai pas t’associer à tous ces voyages sans interrompre toute la coulée de tes études, sans te faire perdre un temps bien précieux à ton âge. Voilà pourquoi je préférerais que tu ailles passer cet hiver auprès de ta tante Clotilde à Weimar, supposé qu’elle soit disposée à se charger de toi. Je m’en vais lui écrire à ce sujet, et sitôt que j’aurai sa réponse, je te la ferai savoir. De ton côté, tu pourrais, bien aussi dans tes lettres que tu lui écris, lui parler de ton désir de retourner auprès d’elle et faire un appel à l’amitié et à la tendresse qu’elle a pour toi. Tu comprends que je ne te propose cette idée que comme un simple projet et qui pour se réaliser a besoin avant tout du consentement de ta tante. Tu dois bien te garder par conséquent d’y compter comme sur une chose parfaitement certaine. D’autre part, il est possible que tu viennes à changer de sentiment à l’égard de l’Institut et que le chagrin que tu aurais à te séparer de tes sœurs, te fasse faire de nouvelles réflexions.

Quant à moi, s’il arrivait que nous nous décidions dans le courant de cet hiver à nous fixer pour quelques années en Russie, je ne manquerai pas de vous faire chercher ou de venir vous chercher moi-même au printemps prochain.

Voilà, ma bonne Anna, quelles sont mes intentions pour le moment, et toi qui aimes tant à échaffauder des projets pour l’avenir, tu trouveras, je n’en doute pas, dans le peu que je t’ai dit là de quoi bâtir plus d’un château en Espagne. Tâche de faire en sorte que tu sois plus contente du moment présent et que les autres le soient aussi de toi. Utilise bien ton temps et parle-moi avec quelque détail de tes occupations. J’espère vous revoir bientôt et je n’ai pas besoin de te dire quel plaisir j’aurai à vous embrasser. Quand tu verras tes oncles, dis-leur mille amitiés de ma part. Je ne leur écris pas d’abord parce que je suis excessivement paresseux et puis aussi parce que j’ignore lequel d’entre eux est en ce moment à Munic.

Adieu, ma chère enfant. Je t’embrasse mille fois et du fond du cœur, toi et tes sœurs. Que Dieu vous garde!

Перевод

Париж. Июль 1844

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